Mais de quoi faut-il se réveiller? par José Le Roy
"L'éveil à sa vraie nature est un réveil ; mais de quoi faut-il se réveiller ?
De l’illusion d’être un moi séparé.
L'éveil est la découverte que notre véritable identité n'est pas l'individu auquel nous nous identifions habituellement. Nous nous vivons comme un individu séparé (homme ou femme), pourvu d’un âge, d’un nom, d’une nationalité, pourvu d’une histoire, d’une mémoire…
Si on me demande, par exemple, qui je suis, je peux répondre en montrant ma carte d’identité…Voilà ce que je crois être, José Le Roy, c’est-à-dire un individu. Je me situe quelque part dans la tête, derrière les yeux. Et de là j’observe le monde à distance.
Le monde est alors vécu dans la dualité ; je suis un sujet qui observe les objets. Le mode de vie habituel est en effet basé sur la relation sujet/objet. Nous croyons être un sujet, percevant des objets à distance. Je (moi, l'individu) vois des objets là-bas (une table, une voiture). La vie endormie, c’est aussi une vie basée sur la séparation entre un extérieur et un intérieur : je suis à l’intérieur de ma peau, et le monde est à l’extérieur de moi.
La vie endormie c’est donc 4 illusions au moins :
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L’illusion d’être un individu
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L’illusion de la dualité sujet/objet
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L’illusion d’une distance entre soi et les objets
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L’illusion de la séparation entre soi et le monde
L’éveil fait éclater complètement ce cadre ; c’est un saut au-delà de la dualité sujet/objet. En réalité il n'y a aucun sujet percevant des objets. Qu'y a-t-il alors s'il n'existe ni sujet, ni objet ?
La totalité du réel se donne dans une présence-absence sans dualité. Personne ne voit des objets ; il y a vision. S’éveiller, c’est voir sa propre nature au-delà de la sphère subjective-objective.
Par exemple, on trouve ce dépassement du sujet et de l’objet dans le bouddhisme dzogchen tibétain. dans le chapitre 38 du tantra du « Roi qui crée tout » Küntché Gyalpo tantra, on lit :
« Celui qui fait la distinction d’un sujet et d’un objet
N’accomplira pas l’éveil semblable à l’espace.
La venue de la division sujet-objet est déviante et obscurcissante. »
José Le Roy