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Analogie de l'éveil par José Le Roy

Une des analogies qui a ma préférence pour évoquer l'éveil provient de la philosophie indienne, et en particulier de l’advaita vedanta, bien qu’elle se rencontre aussi dans le bouddhisme : il s’agit de l’image du bol et de l’espace.

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Le bol représente ici notre corps et toutes les limitations auxquelles nous nous identifions (formes, sensations, émotions, pensées…etc) ; et l’espace représente le ciel de la conscience pure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Considérons un bol, ou un pot, ou n’importe quelle vaisselle creuse. L’espace à l’intérieur du bol n’est pas séparé, ni différent de l’espace qui l’entoure ; l’espace est unique en réalité. Ce n’est qu’arbitrairement que nous distinguons l’espace à l’intérieur du bol de l’espace à l’extérieur. Mais du point de vue de l’espace il n’y a ni intérieur, ni extérieur. Notre conscience individuelle n’est en effet en rien différente, ni séparée de la conscience universelle illimitée ; c’est par ignorance que nous la réduisons à notre corps.

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Si le bol se brise, l’espace du pot ne disparait pas pour autant ; il est toujours là uni à l’espace tout entier.

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Imaginons maintenant que l’espace à l’intérieur du bol devienne conscient et soit identifié totalement à ses bords. Sans doute aurait-il peur alors qu’on le brise puisqu’il croirait à tort que son existence dépend de ses limites. Exister pour le bol, ce serait alors vivre en tant que bol, séparé des autres bols. Peut-être se comparerait-il même aux autres bols pour vérifier qu’il est plus grand ou plus propre ou plus brillant que ses voisins ? Le but de sa vie serait sans doute de devenir le bol le plus beau, ou le plus rempli…

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Mais quel triste destin ce serait pour l’espace infini de se prendre pour un si minuscule contenant !

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Et c’est pourtant à cela que ressemble notre vie quand nous nous enfermons dans les frontières étroites de l’individualité. Pas étonnant que nous aillions si mal. Pas étonnant que nous cherchions inlassablement – pour certains d’entre nous en tout cas – une sortie de cet enfer.

 

La sortie de l’ignorance, c’est l’éveil.

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L’éveil pour le bol consiste à prendre soudainement conscience qu’il n’est pas limité à un petit espace, mais qu’il est au contraire aussi vaste que l’espace global.

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Quel élargissement de conscience pour l’espace du bol !

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Lui qui se pensait petit, le voici infini ; lui qui se pensait contenu dans le bol, voici désormais que le bol est en lui.

On peut lire un exemple de cette analogie dans un texte très célèbre de l’advaita vedanta, l’Avadhuta Gita :

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« Quand une jarre est cassée,

l'espace qui était à l'intérieur

se fond avec l'espace universel.

De la même manière, mon esprit a fondu en Dieu .

Pour moi, il n'apparaît pas de dualité. »[1]

 

[1] Dattatreya’s Avadhut Gita, I, 31.

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